Qui sont ces rapaces qui tournent au-dessus de nos têtes ?

par Delfine

Édition spéciale ! Aujourd’hui, en guest-star sur Issekinicho, un Écureuil volant vous raconte une charmante histoire avec une île, des plages, des surfeurs et une terrifiante menace qui plane…
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Rien de tel le week-end que de passer la journée au bord de la mer, tranquillement, pour fuir le bruit et la fureur de Tôkyô. Enoshima 江ノ島 a ainsi l’avantage d’être suffisamment proche pour y parvenir sans avoir à passer des heures dans les transports et c’est accessoirement joli : de grandes plages un peu bétonnées mais pas trop, avec des surfeurs qui font semblant d’être super forts alors que les vagues sont toutes petites, et surtout une petite île contenant des sanctuaires et des écureuils. Évidemment, sur le papier, ça semble paradisiaque, mais c’était sans compter sur LES RAPACES ( annonce accompagnée de coups brusques donnés sur les touches les plus graves du piano ).

Après être sortis du train, on a commencé par aller dans le premier kombini venu pour acheter notre futur petit-déjeuner, qu’on était bien décidés à prendre sur l’île. Pendant qu’on franchissait le pont qui mène à Enoshima, on a senti comme une présence qui planait au-dessus de nous. Forts de notre récente expérience de la veille, on savait déjà que ce qui tournoyait au-dessus de nos têtes n’était ni une mouette, ni un goéland, mais plutôt une terrible et redoutable buse. Oui, oui, le gros rapace aux serres d’acier qui dévore les agneaux égarés dans les Pyrénées. Habituées aux faibles promeneurs d’Enoshima, les buses repèrent rapidement les sacs en plastique du kombini et attendent de se jeter sur leurs proies ensachées ; au choix, petit pain fourré au curry ou mochi à la fraise ( ça peut paraître triste d’en arriver là, mais dans un sens, c’est assez beau cette adaptation du comportement alimentaire face aux bouleversements du milieu ).

 

Là, il y a de quoi se poser sérieusement des questions. Au Japon, on est hyper protecteur avec les gens, au point de considérer généralement qu’ils sont aussi dégourdis qu’un enfant de 6 ans : par exemple, on installe des panneaux pour prévenir de faire attention quand on prend un escalator et qu’on porte des tongs afin de ne pas se faire mal, ou alors on paie cinq types avec des bâtons lumineux pour faire la circulation autour d’un trou de 30 cm de diamètre, ou encore on indique sur les yaourts de prendre soin de ne pas éclabousser sa chemise en les ouvrant, et même, le chauffeur de mon train la semaine dernière a fait un appel au micro pour rappeler à tous les passagers qu’il faisait froid dehors et qu’il ne fallait pas oublier de mettre son écharpe avant de sortir (c’est malheureusement véridique).
Mais par contre, des buses qui rôdent au-dessus d’une plage en attendant de plonger sur celui qui ne s’y attendra pas pour lui voler son sandwich, ça n’est pas digne d’être indiqué (c’est pourtant assez dangereux, une buse qui plonge).

Finalement, après avoir mangé notre petit-déjeuner en surveillant les alentours entre chaque bouchée comme une bande de petits suricates apeurés, et visité l’île, on a pris le chemin du retour, vers la plage. En faisant un peu plus attention, on a vu cette fois-ci les panneaux indiquant les féroces rapaces des airs, qui précisent que les buses attaquent par derrière avec leurs serres acérées dans le but de voler de la nourriture.
Il y a d’ailleurs comme une confusion sur ces rapaces : on s’était dit que c’étaient des buses ; le texte japonais parle de milans noirs même si je les trouve un peu gros pour des milans ; et la traduction anglaise en fait des faucons, que je trouve là aussi un peu gros. On va donc rester sur notre première idée des buses mangeuses de gâteaux, beaucoup plus convaincante.

Mais le mieux, ça a sûrement été le retour sur la plage. Il y avait un rassemblement de karatékas en herbe (autour de 6-12 ans), probablement une sorte de rencontres inter-clubs de la région. Comme c’était l’heure de la pause déjeuner, la petite centaine de gamins mangeait sur la plage leur soupe, leurs sandwichs, leurs yakisoba ou des saucisses du barbecue géant allumé pour l’occasion. Avec une trentaine de buses qui leur tournaient autour en se demandant à qui elles allaient bien pouvoir piquer le contenu de son assiette, en donnant pourquoi pas au passage un coup de bec ou un coup de serres (sur la photo, chaque point noir dans le ciel, c’est une buse qui hésite : « J’y vais, j’y vais pas »).
Moi, tout ça me semble quand même un poil plus terrifiant qu’une simple tong coincée dans un escalator.
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Ceci étant un échange bloguesque, une note d’Issekinicho est publiée aujourd’hui même sur le blog de l’Écureuil volant dans l’espace ( Toute cette interactivité, n’est-ce pas merveilleux ? )

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13 Commentaires

M.An. 15 février 2011 - 13h03

Toutes ces indications me font penser à ceux des USA, ou on vous indique que le café est chaud et autres, afin d’éviter les procès.
Pour ce qui concerne les rapaces, sur le premier panneau on dirait effectivement une buse, mais sur le deuxième a ressemble à un milan. On les reconnait facilement a la forme de la queue, en V pour le milan (http://www.indrenature.net/amateur/rapaces.html)

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Nes 15 février 2011 - 13h32

Très bien raconté :victory:
Dommage il manque une photos des gamins avec les rapaces autour, mais l’imagination aidé du récit aide bien à se représenter la scène !

A noter donc, que si on y va, manger avant ou après la visite est préférable :savant:

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Seth 15 février 2011 - 16h01

comme quoi, finalement y’a bien des panneaux pour alerter des rapaces! s-D

Finalement c’était pas si relaxant que ça alors? Parce que ça a l’air d’être la psychose à Enoshima à cause des oiseaux!

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David 16 février 2011 - 11h31

« au point de considérer généralement qu’ils sont aussi dégourdis qu’un enfant de 6 ans »

Si vrai. Le problème c’est qu’en général, la plupart sont effectivement aussi dégourdis qu’un enfant de 6 ans (peut-être aussi parce qu’ils sont si habitués à ce qu’on leur dise tout qu’ils ne savent plus y réfléchir par eux même).

Quand aux oiseaux, j’ai l’impression que tu te mélanges un peu les pinceaux, bien qu’il existe des buses et des faucons de toutes tailles (oui bon dans certaines limites) on peut considérer qu’ils ont en général plus ou moins la même taille pour les espèces les plus communes (en France) et ni les buses, ni les faucons ne sont capables d’attaquer un agneau. Ensuite comme le dit M.An. le deuxième dessin représente un milan… Enfin bref, on est pas plus avancés (des photos de l’animal peut-être?)

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2fois2cinq 16 février 2011 - 11h55

Merci pour l’info (toujours plaisant à lire) !!

Par contre même pas une photo des oiseaux en question… pourtant j’avais été habitué à voir des photos toujours magnifiques sur ce blog… ??? vous aviez pris un appareil jetable ce jour là ou quoi ? ;)

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écureuil volant 16 février 2011 - 14h20

@M. An : Merci pour le lien. D’après mes autres photos, je dirais alors que ce sont bien des buses, car on reconnaît la queue courte arrondie comme sur les schémas.

@David : Euh, j’espère bien que les buses et les faucons n’attaquent pas vraiment les agneaux… 8-D
J’imaginais les faucons plus petits que les buses, mais je ne suis pas un fan d’ornithologie, alors je vous fais confiance.

@2fois2cinq : Cette fois-ci les photos ne sont pas magnifiques, car ce n’est pas aAlex qui les a prises avec sa super technique et son super matériel, mais moi, avec un matériel plus basique et une technique, disons, plus hasardeuse.

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Delfine 16 février 2011 - 14h54

On voit assez bien les RAPACES d’Enoshima sur cette vidéo :

http://www.youtube.com/watch?v=twIXY_HVjcI

Avis au spécialistes pour identifier la BÊTE …

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David 16 février 2011 - 15h11

@Écureuil Volant: Les buses et les faucons non. Les aigles oui quand ils ont faim, les angeaux égarés dans les Pyrénées, c’est un met de choix. Sinon il existe des dizaines de sortes de buses et de faucons, certaines ont des tailles similaires, d’autres non.

Mais sans être un spécialiste d’ornithologie, et en partie grâce à la vidéo postée par Delfine, et en partie grâce à google et wikipedia ;- ) je pense ne pas trop me tromper en affirmant qu’il s’agit de milans noirs.

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Delfine 17 février 2011 - 13h37

Hé bien, cette note fut riche en découvertes ornithologiques !
:savant2:
Des MILANS NOIRS, quand même !!! Mais le Japon est donc un pays plein de dangers et d’animaux sauvages ! ( j’ai peur… )
°O° s-D

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M.An. 17 février 2011 - 14h21

Très belle vidéo et note.

@Delfine: pour ma part, votre blog est plein de découverte japonologiques, qui me donne envie d’aller y passer des vacances.

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Had 17 février 2011 - 18h49

Aux États-Unies ces « oiseaux voleurs » sont mieux organisés. Ils vont directement voler dans les supermarchés !

http://www.youtube.com/watch?v=Kqy9hxhUxK0

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jud 9 avril 2011 - 19h25

Mon mari s’est fait un jour égratigné la joue par une de ces buses (« tonbi » ou « tobi » en japonais selon les régions) alors qu’il mangeait des chips sur la plage, pour se remettre de son plongeon en eau trop basse et l’attaque de méduses qu’il venait de subir.. sinon, j’ai aussi un ami français qui s’est fait mordre par un tanuki sur une plage de Shimane, et moi-même me suis faite mordre par un singe au pied du Fuji-san, donc oui, le Japon est potentiellement dangereux au niveau de sa faune. Et à Okinawa c’est pire, y a de grands panneaux qui indiquent la liste des animaux dangereux sur les plages et dans la nature.

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Hade 11 juin 2022 - 19h34

Bonjour! Juste pour confirmer, ce sont bien des milans noirs! L’oiseau sur l’affiche de prevention est un milan, ceux sur la photos devant les immeubles aussi! On les reconnait notamment a leur queue Longue et echancrée, là où les buses on une queue courte et arrondie.
Merci pour l’article, super intéressant !

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